Le carnaval des animaux

Le saviez-vous ?

La faune et la flore sont une source inépuisable d’inspiration pour les peintres et sculpteurs forains, qui les déclinent sur les plafonds, frontons, enseignes et surtout sous la forme de sujets de manège. Les manèges sont d’abord composés d’animaux connus du public comme les chevaux ou les animaux de la ferme, puis d’animaux exotique. C’est la première fois, à cette époque où la télévision n’existe pas et où les images sont rares, que les visiteurs du 19e siècle découvrent un lion ou un éléphant. Et il est de bois. 

On trouvait également dans certaines grandes foires des ménageries. Les forains présentaient alors des ours, des singes ou des fauves au public, pour leur plus grand bonheur. Certains allèrent même jusqu’à dompter ces “animaux sauvages”, comme l’a fait la célèbre danseuse de cancan La Goulue sur la Foire du Trône avec des lionnes et des porcs-épics ! 

Des musées de cires venaient compléter ce tour du monde. A l’intérieur point d’animaux, mais des représentations humaines, ethnologiques ou anatomiques : des statues de cire montraient au public européen à quoi ressemblait physiquement un habitant de la Terre de feu ou de Papouasie Nouvelle Guinée, tandis que d’autres expliquaient quelles étaient les conséquences de l’alcool sur le corps humain en exposant un foie atteint d’une cirrhose.  

En diffusant ces représentations, les forains jouent le rôle de véritables vulgarisateurs scientifiques. 

Réponses sur plan

Je suis le sujet de manège par excellence. 

Réponse : le cheval de l’hippopalace 

Manèges et carrousels tirent leurs noms du monde de l’équitation : tout naturellement, le cheval a pris une place de choix sur les manèges des fêtes foraines ! D’ailleurs, ne dit-on pas, instinctivement, “manège de chevaux de bois” ? 

Ces attractions permettaient durant la Belle Epoque à n’importe qui de monter sur un cheval, chose que personne ne faisait alors. Un cheval coûtait une certaine somme, et seuls nobles ou militaires montaient à dos de cheval. Un mineur de fond essayait cette monture pour la première fois sur un manège. 

Car oui, ce sont bien les adultes qui montent sur ces manèges de la fin du 19e siècle ! A cette époque-là, la fête foraine leur était réservée, et les attractions pensées pour eux. Regardez la taille de ce cheval, bien plus imposante d’ailleurs que celle des chevaux que l’on trouve sur un classique manège de chevaux de bois. Cet animal provient d’un manège de Carrousel-Salon, ces grands bâtiments nomades qui voyageaient de ville en ville. Dans ce Carrousel-Salon, dénommé Hippo-Palace, le manège était constitué de six carrosses (dont l’un se trouve dans cette salle) chacun tiré par quatre chevaux imposants. 

Je me pavane dans le jardin des rois.

Réponse : le paon

Parmi les oiseaux exotiques représentés par les forains, l’un de ceux que l’on retrouve le plus est le paon. Qui ne s’est jamais arrêté devant cet animal en espérant le voir déployer sa roue ? Couleurs, forme, jeux de lumière dans les plumes irisées : tout était intéressant pour les sculpteurs d’objets forains ! Il n’était d’ailleurs pas rare de les voir figurés sur les façades des carrousels-salons, de grands bâtiments nomades dans lesquels certains forains présentaient leur plus beau manège. Sur les façades, les paons occupaient une place de choix, et les fenêtres du bâtiment étaient ménagées dans les plumes de la roue de l’oiseau.  

Cela vient également du fait que les artistes forains diffusaient la nouveauté et les tendances. Le paon est une figure que l’on retrouve fréquemment en Art Nouveau, courant artistique de la Belle Epoque que les forains ont contribué à démocratiser : les sculpteurs, formés dans les écoles de beaux-arts, reprenaient sur les décors des métiers forains (nom que l’on donne dans le jargon pour désigner manège, attraction ou stand forain) les motifs de l’époque. Le paon sort ainsi des salles d’exposition pour aller au-devant de la population. 

Ce paon qui s’est posé dans la grotte de la licorne, est représenté quasiment à taille réelle. Et ce n’est pas n’importe quel élément forain : il s’agit bel et bien d’un sujet de manège ! 

 

J’ai escaladé l’Empire State Building dans un film américain.

Réponse : King Kong

Mais qui est donc ce grand singe qui s’accroche aux branches au-dessus de nos têtes ?  

Il s’agit de King Kong, un automate du 19e siècle de la firme Roullet-Descamps, fabricants de jouets mécaniques et automates jusqu’à la fin du 20e siècle. Loin de la jungle urbaine new-yorkaise, il figure désormais dans la forêt enchantée du Théâtre du Merveilleux.  

Faites attention et observez ce qu’il tient dans sa main. Vous apercevrez peut-être la ceinture-bananes de Joséphine Baker, un des costumes marquants que la danseuse arborait sur scène (il s’agit ici d’une réplique datant des années 1970 ayant servi pour une revue des Folies Bergère).  

Le 24 avril 1926, Joséphine Baker s’apprête à fouler les planches des Folies Bergère. Elle apparaît dans un décor de forêt vierge, dans lequel elle s’aventure courageusement avant d’être piquée par une mouche tsé-tsé. L’impensable de ce numéro n’est pas le récit exotique, mais bien le costume de la danseuse, ou plutôt sa nudité. Bien loin des costumes de plumes monumentaux, la danseuse n’est vêtue que d’une simple ceinture composée de seize bananes ! 

J’ai été mis à l’honneur par di Lampedusa et Visconti.

Réponse : le guépard

Avez-vous déjà aperçu une bête sauvage tenue en laisse ?  

Ce guépard apprivoisé appartenait à Joséphine Baker. L’artiste franco-américaine avait en effet plus de ses deux amours, son pays et Paris, la passion des animaux.  

La rencontre de ce duo inhabituel s’opère sur les planches du Casino de Paris grâce au directeur de l’établissement, Henri Varna, qui propose à la vedette de réaliser un numéro avec un guépard en laisse. Un pari réussi qui se conclut par l’adoption du fauve qu’elle nomme Chiquita. L’animal l’accompagne désormais lors de promenades parisiennes et prend la pose aux côtés de sa maîtresse dans de nombreux clichés.  

Regardez la taille de ce sujet de manège. Il est bien plus petit que beaucoup d’autres présents dans cette salle… Ce sujet de manège était donc destiné aux enfants. On le doit aux fabricants Matthieu, qui réalisèrent des sujets de manège au milieu du 20e siècle. 

Symbole de la pureté, je suis l’animal mythique de ces lieux. Ne me confondez pas avec mon bipède mélomane.

Réponse : la licorne

Présente dès l’Antiquité, appelée monocéros ou encore unicorne, c’est principalement au 3e siècle, avec l’implantation du christianisme en Europe, que la licorne prend sa place d’animal légendaire. Son image quant à elle se popularise grâce à l’iconographie européenne du Moyen-Âge et de la Renaissance.  

La symbolique de cet animal a évolué au fil des siècles, passant de chimère malveillante à une créature souvent associée à la pureté, l’amour courtois et la féminité. Avec son pelage blanc et sa longue corne torsadée sur le front, c’est ainsi qu’elle est dépeinte au sein de la série de tapisseries dites de La Dame à la licorne datant du 16e siècle et aujourd’hui conservée au Musée de Cluny. 

Cette licorne est surplombée d’une coiffe en plume du spectacle Holiday on Ice. Vous pouvez retrouver une autre licorne dans la salle mais elle se tient debout, sur ses deux jambes. Réalisée en papier mâché, elle est en réalité un masque de carnaval vénitien ! 

Je me déplace en volant mais je suis surtout connu pour mes imitations hautes en couleur.

Réponse : le perroquet

Les premiers sujets de manège étaient fréquemment des animaux de ferme : cochon, lapins, chevaux. Mais vers la fin du 19e siècle, les sculpteurs forains souhaitent renforcer et fidéliser leur clientèle. Pour cela, ils présentent des animaux surprenants qui paraissent quelquefois dans la presse, mais que nul visiteur n’aurait espéré voir de ses propres yeux : il s’agit du bestiaire exotique. Alors, en regardant simplement les sujets sculptés ou peints comme sur ce plafond de manège, tous les visiteurs possédaient les mêmes privilèges que les populations aisées de l’époque. Tous pouvaient voyager et rêver des pays exotiques où volent ces oiseaux colorés. 

Anecdote :

Le compositeur Camille Saint-Saëns créé le Carnaval des animaux en 1886 avec l’intention de réaliser une suite humoristique à destination de ses proches. Craignant qu’elle nuise à son statut de compositeur, il décide alors d’en interdire toute publication. Seul le morceau du Cygne sera publié. Vous pouvez retrouver le personnage de cire de Saint-Saëns parmi les habitants du Théâtre du Merveilleux. 

 

Si vous souhaitez en apprendre plus sur le musée, il est ouvert toute l’année, sur réservation, à travers des visites guidées.

Festival du Merveilleux 2025

Le musée n’est pas accessible au public avant notre prochain temps fort : le Festival du Merveilleux qui ouvre le 26 décembre. Les visites guidées reprendront normalement en janvier 2026.

Du 26 décembre au 4 janvier, retrouvez le Festival du Merveilleux !

De nombreux spectacles inédits émerveilleront petits et grands, le tout dans une ambiance conviviale et chaleureuse. C’est l’occasion pour le public de découvrir le musée à son rythme, de se laisser émerveiller par le patrimoine exceptionnel conservé dans les différentes salles du musée et d’assister à de nombreux spectacles impromptus.
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