Les artistes du 19ème siècle
Le saviez-vous ?
La seconde moitié du 19e siècle est synonyme de rupture : après le régime strict des empires napoléoniens, l’arrivée de la Troisième République sonne l’entrée dans un temps de liberté et de modernité.
A cette époque, l’aristocratie est officiellement dépassée par la bourgeoisie, qui s’exhibe dans le faste des lieux de sociabilité. Elle se montre aux bals, théâtres et opéras, des lieux de spectacle et d’ostentation très appréciés de la presse.
Courtisanes et dandys influencent quant à eux considérablement ce nouveau monde. Caractérisées par leur libertinage, ces figures en marge de la société, plaisent aux élites pour leur esprit de débauche, mais également pour leur grand intérêt pour la culture.
Les artistes prennent place dans ce monde dont ils sont un divertissement. Des romantiques aux bohémiens de Montmartre, tous sont mis à l’honneur dans cette nouvelle République. Les spectacles se multiplient et avec eux l’arrivée de nouvelles salles. Dans ces cabarets, les numéros se diversifient, les jupes des danseuses bruissent et les rires du peuple résonnent. C’est un Paris en fête que les peintres et chanteurs dépeignent, aussi bien dans ses joies que dans ses vices. La vie trépidante des rues de la capitale devient ainsi une source d’inspiration intarissable.
Dans le Théâtre du Merveilleux, les artistes du 19e siècle continuent à vivre l’euphorie de leur temps, entre bals et cancans devant une nouvelle foule de spectateurs : les visiteurs curieux des Pavillons de Bercy.
Réponses sur plan

Claude de mon prénom, je suis un des compositeurs français les plus reconnus du XIXème siècle.
Réponse : Claude Debussy
Par son audace et son rejet des règles classiques, Claude Debussy a marqué l’histoire de la musique occidentale de manière pérenne.
Excellent pianiste, il entre au Conservatoire de Paris à l’âge de dix ans. Ses qualités de musicien lui valent de remporter le Grand Prix de Rome en 1884 avec la cantate L’Enfant prodigue, lui permettant d’obtenir une bourse et un séjour de trois ans à la villa Médicis. Cependant, l’artiste s’y déplait et décide de revenir sur Paris, où il mène une vie de bohème et fait des rencontres formatrices : le compositeur Paul Dukas ou encore le grand Richard Wagner, dont il approuve largement la virtuosité.
Les influences exotiques sont indéniables dans les œuvres de Debussy : aussi bien des airs venus d’Espagne que d’Extrême-Orient ou encore de Java, lui permettent d’ores et déjà de s’éloigner du genre classique européen. C’est de ces multiples inspirations que naissent les premières œuvres importantes du compositeur telles que Prélude à l’après-midi d’un faune (1894), qui s’attire les foudres d’une majeure partie de la critique. Cette partition novatrice aux couleurs surprenantes, laissant la place aux sensations et non à l’académisme musical, remporte néanmoins un franc succès dans toute l’Europe. Par ailleurs, 8 ans plus tard, son adaptation de Pelléas et Mélisande (1902), drame lyrique mêlant musique et poésie, divise encore une fois la critique. Malgré cela, l’œuvre reste grandement acclamée. Ses morceaux, parfois jugés trop dissonants, feront néanmoins de lui le modèle pour la génération suivante. Debussy est aujourd’hui acclamé pour la modernité de son style unique, affranchi de toutes conventions classiques pour arpenter des harmonies inexplorées. Déconcertant certains, ravissant d’autres, il fut l’un des grands artistes français, en avance sur son temps, à connaître la gloire à l’apogée de son art.

Écrivain de légende, j’ai dédié un roman à un des plus grands monuments de Paris.
Réponse : Victor Hugo
Hugo commence très jeune à écrire des poèmes et publie son premier roman, Han d’Islande à 21 ans. Il se lance ensuite dans le théâtre en préparant la pièce Cromwell (1827), dans la préface de laquelle il explique les principes d’un théâtre nouveau, celui du drame romantique. Il propose alors de s’affranchir des règles du théâtre classique, notamment celle des trois unités. En 1830, sa pièce Hernani se fait manifeste de cette rupture et provoque le scandale des défenseurs de la tragédie classique.
L’année suivante, ses œuvres Notre-Dame de Paris et Les Feuilles d’automne sont des succès et le place au rang d’écrivain reconnu. Alors qu’il alterne entre poésie (Les Voix intérieures, 1837 ; Les Rayons et les ombres, 1840) et théâtre (Lucrèce Borgia et Ruy Blas en 1838), la mort de sa fille Léopoldine en 1843 l’affecte terriblement. Incapable d’écrire pendant une décennie, il publie finalement en 1856 son recueil sur le deuil, les Contemplations, où figure notamment le célèbre poème « Demain, dès l’aube… » en mémoire de sa fille.
En 1846, Victor Hugo est élu député à l’Assemblée législative. D’abord conservateur, puis progressiste, il choisit de s’exiler en refus du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte en décembre 1851. Il séjourne alors dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey où il écrit notamment son recueil Les Châtiments (1853) ou encore le roman Les Misérables (1862).
Alors que l’Empire de Napoléon III s’écroule en 1870 et que la Troisième République s’installe, Hugo peut enfin rentrer à Paris. Devenu Sénateur en 1856, il défend de grandes causes telles que l’abolition de la peine de mort et de l’esclavage, la liberté de la presse ou encore l’idée d’une Europe unifiée.
Durant toute son œuvre, Hugo se fait ainsi le défenseur du peuple, engagé auprès des marginaux et des plus démunis, qu’il dépeint crûment et dignement. Écrivain de génie, mais aussi philosophe, critique, historien et orateur, il laisse derrière lui, outre ses nombreux écrits, plus de deux mille dessins et croquis.
A sa mort le 22 mai 1885, le poète est acclamé lors de funérailles nationales, où le cortège a été suivi par près de deux millions de personnes.

“La Divine”, “la Voix d’or”, “le monstre sacré”, voici tant de surnoms qui me furent attribués durant ma carrière de tragédienne.
Réponse : Sarah Bernhardt
Fille de courtisane protégée par un duc puissant, Sarah Bernhardt mène une enfance solitaire. Après quelques années au couvent, elle entre au Conservatoire de Paris puis à la Comédie-Française à dix-huit ans. En 1866 elle est engagée au Théâtre de l’Odéon où elle connaît trois ans plus tard son premier succès dans Le Passant de François Coppée… dans un rôle masculin. Nombreux seront les rôles d’hommes qu’elle tiendra au cours de sa carrière.
En 1872 elle triomphe dans le rôle de la Reine de Ruy Blas, pièce de Victor Hugo qui la surnomme alors la “Voix d’or”. Ce succès lui vaut d’être rappelée par la Comédie-Française où elle joue dans plusieurs pièces tragiques telles que Phèdre ou Hernani.
Alors qu’elle essuie son premier échec en 1880, Sarah Bernhardt décide de quitter une nouvelle fois “le Français” pour créer sa propre compagnie avec laquelle elle part en tournée dans le monde entier. La comédienne devient ainsi la première star internationale à avoir connu le triomphe dans les cinq continents.
La tragédienne est également réputée pour avoir pris sans hésitations le parti de Zola lors de l’affaire Dreyfus ou encore à rejoindre le combat d’Hugo contre la peine de mort. De plus, bien que fortement touchée d’une douleur à la jambe, elle continue à travailler ardemment, jusqu’à ce qu’elle soit forcée d’être amputé en 1915 ; un malheur qui ne l’empêcha pas de mener une ultime tournée d’un an aux Etats-Unis.
Fidèle à sa devise “Quand même !”, Sarah Bernhardt mena une vie à toute allure où elle alterna entre son métier de comédienne, directrice de théâtre, metteuse en scène et même sculptrice.
D’une liberté d’esprit inébranlable, dédiant sa vie à la scène, elle fut une des premières comédiennes considérées comme une véritable vedette. Ses funérailles attirèrent près de 600 000 personnes venues l’acclamer même dans sa mort, un phénomène une nouvelle fois manifeste de l’impact monumental qu’eut cette femme sur son temps, passant alors de comédienne à mythe.
La statue de cire acquise par Jean Paul Favand faisant partie des anciennes collections du musée Grévin est ici mise en scène dans la peau de Cléopâtre (deux Nubiens à ses côtés), rôle principal de la pièce de Victorien Sardou créée en octobre 1890 pour le théâtre de la Porte Saint-Martin.

Grand chansonnier de la Belle Epoque, je me suis fait connaître au cabaret du Chat Noir.
Réponse : Artistide Bruant
Né d’une famille de petite bourgeoisie, Aristide Bruant écrit sa première chanson en 1862. Malgré ses dons pour les langues et la musique, il est forcé de quitter le lycée Impérial de Sens en 1867, dû aux manques de paiement de son père ruiné. Dans l’espoir d’une vie meilleure, la famille du jeune Aristide Bruant monte à la capitale. Le jeune homme fréquente alors cafés-ouvriers et restaurants du peuple dans lesquels ils rencontrent pauvres et insurgés, mauvais garçons et prostituées, et s’initie peu à peu à leur jargon.
Fervent patriote, il s’engage pendant la guerre de 1870 en tant que franc-tireur pour défendre l’Empire. La défaite de la France le renvoie à la vie civile. Il travaille alors à l’écriture de poèmes et de chansons, puis commence à se produire dans les cafés populaires. Son succès grandissant lui permet de rencontrer l’interprète montmartrois Jules Jouy qui lui ouvre les portes du Chat Noir en 1881, cabaret aménagé par Rodolphe Salis. Côtoyant désormais l’élite poétique, toujours habillé de son fameux manteau noir, couvre-chef sur la tête et écharpe rouge autour du cou, Aristide Bruant, tel qu’il est présenté sous vos yeux, devient un motif courant des croquis son ami Toulouse-Lautrec. Il se spécialise dans les chansons de barrière, des complaintes qui magnifient le bas-peuple, et s’approprie l’argot. En le mêlant avec le folklore français et le chant d’église, son efficacité d’écriture l’élève sans conteste au rang des plus influents chansonniers montmartrois.
En 1885, il reprend un local du boulevard Rochechouart, qu’il nomme Le Mirliton. Le soir de l’inauguration, il n’y a que trois clients. Aristide, très frustré, se met alors à les insulter à profusion, ce qui plaît au public. C’est ainsi qu’il crée son image que tous, prolétaires comme littéraires (Zola, Mallarmé et d’autres) veulent désormais découvrir. Ses chansons populaires, sa présence sur scène et sa voix puissante font de lui un monument de la chanson française réaliste, mouvement musical qui dure jusqu’au 20e siècle, notamment repris par Edith Piaf.

Soprano Colorature, j’ai donné mon nom à un dessert
Réponse : Nellie Melba
De son vrai nom Helen Porter Mitchell, elle est l’une des plus grandes cantatrices australiennes et la première star internationale de ce pays. C’est d’ailleurs de ces origines australiennes que lui viennent son nom de scène : Melba rappelle la ville de Melbourne, capitale de l’état de Victoria dont elle est originaire et où elle donna son premier concert.
Véritable diva de son époque, Nellie Melba s’intéresse aux répertoires contemporains, et chante les compositions de Charles Gounod, Jules Massenet ou encore Léo Delibes, trois compositeurs que vous pouvez également retrouver dans le Théâtre du Merveilleux. C’est d’ailleurs cet ancrage dans la modernité de la Belle Epoque qui la pousse à accepter les enregistrements et commercialisation de ses performance. Elle est, avec Adelina Patti, la première cantatrice à être enregistrée.
Mais si nous connaissons son nom aujourd’hui, c’est bien plus en tant que dessert glacé que chanteuse d’opéra ! Alors qu’elle se produit sur la scène de Covent Garden à Londres en 1894, le célèbre chef cuisinier Auguste Escoffier, ébloui par sa performance, crée un dessert en son honneur : une glace à la vanille, accompagnée de pêches pochées et couverte de coulis de framboise. Depuis, le succès de la pêche Melba ne s’est jamais démenti.
La Nellie Melba qui se trouve devant vous est l’un des personnages de cire de l’ancienne collection du Musée Grévin. Mais le costume qu’elle porte, bien qu’il pourrait parfaitement correspondre à l’un de ses rôles, n’est pas une tenue de la cantatrice : il s’agit d’une pièce provenant des Folies Bergère, acquise avec de nombreuses autres pièces en 2012.

Passionné de cirque et de cabaret, je croque les danseuses
Réponse : Henri de Toulouse-Lautrec
Grand illustrateur, Henri-Marie-Raymond de Toulouse-Lautrec de Monfa, bien plus connu sous son “diminutif” Henri de Toulouse-Lautrec, a au cours de sa vie mis son style résolument moderne, ses crayons et ses pinceaux au service du monde artistique montmartrois. Il peint des scènes de vie du Moulin de la Galette puis du Moulin-Rouge, dont il réalise les affiches, mettant en avant notamment les spectacles de La Goulue ou de Jeanne Avril. Dans chacune de ses compositions, les visages sont reconnaissables : ici Valentin le Désossé ou la clownesse Cha-U-Kao, là Oscar Wilde, ou encore Coutelat du Roché, commissaire de la police des mœurs surnommé Père la Pudeur.
Dans cette scène, le personnage de cire de Henri de Toulouse-Lautrec est assis devant une représentation de l’une de ses œuvres les plus grandes : l’un des panneaux réalisés pour décorer la baraque de danse de la Goulue sur la foire du Trône. A droite de l’entrée de la baraque, Toulouse-Lautrec représente La Goulue exécutant une danse du ventre. Mais c’est sur le panneau de gauche qu’il la dessine telle qu’il l’a connue : exécutant le coup-de-cul à la fin d’un cancan. Cette œuvre, pensée et exécutée comme une toile foraine, est aujourd’hui considérée comme une véritable œuvre d’art et prend place dans les salles du Musée d’Orsay.

Anecdote
Vous pouvez apercevoir la chanteuse Yvette Guilbert avec ses gants noirs dans la loge des artistes. Elle a été plusieurs fois croquée par Toulouse-Lautrec mais elle trouvait sa manière de la dessiner peu flatteuse : « (…) Mais pour l’amour du ciel, ne me faites pas si atrocement laide ! un peu moins… ! (…). ». La légende dit qu’il l’aurait représentée sur scène, sans la tête, sur l’affiche du café-concert le Divan Japonais, pour pallier cela.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le musée, il est ouvert toute l’année, sur réservation, à travers des visites guidées.